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Comme une Prière

7 septembre 2006

"Demande à la Poussière"

demande_20a_20la_20poussiereOn peut rien apprendre sur la Californie. Et je pensais à eux, couché sur mon lit tout en fixant les globules de lumière rouge du St Paul Hôtel qui sautaient dans ma chambre et puis disparaissaient, et je me sentais misérable comme ce n’est pas permis parce que ce soir je m’étais conduit comme eux.

Smith, Parker, Jones et toute l’engeance, je n’avais jamais été comme eux jusqu’ici. Ah, Camilla ! Quand j’étais môme au Colorado c’étaient Smith, Parker, Jones qui me mortifiaient avec leurs noms horribles, qui m’appelaient Rital, Wop ou Macaroni ; C’étaient leurs enfants qui me faisaient du mal, tout comme je t’ai fait du mal ce soir. Ils m’ont fait tellement de mal que je n’ai jamais pu devenir comme eux ni leur ressembler.

A cause d’eux je me suis réfugié dans les livres, renfermé sur moi-même, et des fois, Camilla, des fois quand je vois leur sale gueule je repense à tout ça, je ressens la même douleur en dedans, et je suis bien content de les voir tous ici train de crever la gueule ouverte, au soleil, content de les voir comme ça, déracinés, grugés par leur manque de cœur, toutes ces mêmes gueules de raie de mon enfance, ces bouches dures, ces sales gueules ; je suis si content de les voir vivre le vide de leur existence sous le soleil tuant.

Je les vois dans les halls d’hôtels, je les vois prendre le soleil dans le squares et sortir cahin-caha de ces vilaines petites églises. La proximité de leurs dieux étranges leur rend la mine encore plus pâle et lugubre que d’ordinaire, à la sortie du Temple d’Aimée, ou celle de l’Eglise de l’Etre Suprême. Je les vois tituber à la sortie de leurs palais du cinéma, même qu’ensuite ils clignent leurs yeux vides pour affronter de nouveau la réalité ; ils rentrent chez eux encore tout hébétés et ils lisent le « Times » pour voir ce qui se passe dans le monde.

J’ai vomi à lire leurs journaux, j’ai lu leur littérature, observé leur coutumes, mangé leur nourritures, désiré leurs femmes, visité leurs musées. Mais je suis pauvre et mon nom se termine par une voyelle, alors ils me haïssent, moi et mon père et le père de mon père, et ils n’aimeraient rien tant que de me faire la peau et m’humilier encore, mais à présent ils sont vieux, en train de crever au soleil au milieu de la rue, en pleine chaleur, en pleine poussière, tandis que moi je suis jeune, plein d’espoir et d’amour pour mon pays et mon époque ; alors quand je te traite de métèque ce n’est pas mon cœur qui parle mais cette vielle blessure qui m’élance encore, et j’ai honte de cette chose terrible que je t’ai faite, tu peux pas savoir. 

C’était un extrait « Demande à la Poussière » de John Fante.

John Fante est née en 1909 à Denver dans le Colorado. D’origine italiens, il a grandit dans une famille nombreuse et modeste.

A l’âge de 23 ans le célèbre magazine « Américan Mercury » achète sa toute première nouvelle, grâce à H.L Mencken sa bonne étoile, et c’est alors le début d’une grande amitié entre l’écrivain et le dirigent.

Après plusieurs années d’échecs aux niveaux des édition de son premier roman. C’est alors qu’il publie « Bandini » qui est devenu par la suite l’un de ses grand livre.

Lorsque j’ai découvert Fante, c’était un moment où j’étais devenue une boulimique de livres, je dévorais tout ce que je trouvais. Mais ce que je cherchais avant tout c’était une authentique histoire, quelque chose au-dedans, raconter avec humilité ce qu’on a au fond de soit, mais j’ai tout cherchais je n’avais rien trouvais ou presque.

J’ai découvert alors une anthologie regroupant « Le Vin de la Jeunesse / Orgie / Pleine de Vie » à la bibliothèque. Quand j’ai lu le premier « Le Vin de la Jeunesse » c’était une période accablante pour moi ! Je boudais de long heures parce que j’étais en pleins recherche d’emploie, oui j’étais une grande chômeuse et j’avais des rêves pleins la tête : bossée dans le monde de la mode, avoir ma place comme tout le monde dans la société. Mais malheureusement pour moi, je me suis fait recaler.

Et en plus j’avais une jambe dans le plâtre pendant 1 mois. Cela était un moment insoutenable. Quand je suis énerver, il est très rare que je lise ou que j’écoute une chanson que j’aime bien, mais lorsque j’ai pris dans mes mains ce gros bouquin et que j’ai lu les toutes premières ligne, je me suis carrément évader dans son écriture.

Ce que j’aime beaucoup chez Fante, c’est sa façon de raconter son histoire, sa vie comme s’il ce confier à toi. Et il raconte tout cela, avec tout ce qu’il a dans le cœur et dans l’âme. On peut facilement ce reconnaître dans son vécu ou reconnaître les mêmes émotions qu’on à en soit et qu’on ne peut exprimer par pudeur. Je l’avais tant cherchais et je l’ai enfin trouvais.

Avec mon gros cœur briser, mes cauchemars, mes tracas, puis dans mon lit, un gros livre orange réunit ses œuvres. J’avais besoin de ça, de lire mais surtout de lire John Fante.

Je recommande vivement :

« Le Vin de la Jeunesse »

« Bandini »

« L’Orgie »

« Mon Chien Stupide »

« Pleins de Vie »

« Rêves de Bunker Hill »

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